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La visite du président de la République en Corse : Rien de neuf !


Antoine Astima le Jeudi 2 Mars 2017 à 17:09

Un coup pour rien ! Tel est ce qu’il ressort du discours de François Hollande dans l’hémicycle ce jeudi matin. Pourtant, ce n’est pas faute, une fois encore, d’avoir tendu la main dans les rangs de la majorité régionale…



La visite du président de la République en Corse : Rien de neuf !
Tout ça pour ça ? Telle est la première impression qui se dégageait de l’hémicycle au sortir du discours de François Hollande. Un discours de près d’une demi-heure au cours duquel le chef de l’Etat a, certes, mentionné et ce à plusieurs reprises, la notion de « Peuple corse », mais évité d’aborder l’essentiel, notamment la question de l’amnistie des prisonniers, le statut de résident ou la coofficialité. Bref, les avancées annoncées, au préalable, par Jean-Guy Talamoni et Gilles Simeoni.


Le président de l’Assemblée de Corse a tenu un discours plutôt offensif autour de trois axes essentiels :-
- Le « testament politique » de Michel Rocard qui a « rappelé l’ancienneté et l’engagement de sa politique anticolonialiste. Il nous dit, dans son fameux discours de 1988 devant l’Assemblée Nationale : « Il suffit de savoir qu’une oppression particulière a gravement affaibli l’économie corse… Il faut, aujourd’hui, beaucoup d’indécence pour dire aux Corses : « Soyez calmes et respectez les lois de la République, vous bénéficierez pleinement de leur générosité.» « Nous demandons que les engagements pris au nom de la France soient honorés… »
- Le dépôt des armes du FLNC. « Aucun événement n’est venu contredire, depuis trois ans, cette déclaration » a martelé le président de l’Assemblée de Corse.
-Enfin, troisième volet, les élections de décembre 2015 et l’arrivée d’une majorité nationaliste à la tête de la Région.

C’est en ce sens que Gilles Simeoni, président de l’exécutif de Corse a pris, ensuite, la parole, mesurant l’importance symbolique et politique de cette visite. L’élu territorial a, pour sa part, évoqué, un fait politique majeur et une victoire qui « n’est pas celle d’un camp contre un autre mais un fait inscrit dans le fil historique de la lutte du peuple corse pour la reconnaissance de ses droits. Une victoire de la démocratie et des engagements respectés. »
Et Gilles Simeoni de rappeler les différents chantiers abordés depuis un peu plus d’un an, par la nouvelle majorité.
« D’autres éléments doivent désormais concourir de façon aussi importante à dessiner la nouvelle donne de la situation politique corse. »
Avant de conclure : « Vous avez choisi, et c’est une première dans l’histoire de la Ve République, de ne pas solliciter, du peuple français, le renouvellement de votre mandat. Vous êtes, de ce fait, exclusivement préoccupé de laisser à ceux qui viendront après vous, l’héritage le plus favorable possible. C’est donc le moment où votre parole est la plus forte, parce qu’elle s’adresse finalement avant tout à l’histoire… »

Dans son discours, le Chef de l’Etat n’a rien véritablement apporté de neuf. Il a tout d’abord, souligné les « progrès accomplis. Le contexte de l’action publique a changé en Corse et le débat démocratique a supplanté la terreur. C’est un acte fondateur pour l’île. »
Avant d’analyser, un après l’autre, les différents dossiers, certains étant habilement esquivés.


La collectivité unique : « Un engagement pris par le gouvernement. On ne pourra pas remettre en cause cette évolution. La Corse aura, ainsi, une représentation forte et unifiée, plus qu’ailleurs. Elle sera la seule collectivité régionale à conserver la clause de compétence générale. Il y a encore du travail mais les services de l’Etat seront là pour veiller à ce que les délais soient respectés. »


Révision de la Constitution : « De nombreux Corses aspirent à cette réforme qui consiste à inscrire la Collectivité, au nom de son statut particulier, à l’article 72 de la constitution. Je partage cette vision mais pour inscrire cette politique dans la loi fondamentale, il faut obtenir l’assentiment de l’Assemblée Nationale, du Sénat et réunir les 3/5 e au Parlement réuni en Congrès. Or, et depuis 2012, je n’ai pu sur aucun sujet disposer du concours de l’opposition sur quelque révision constitutionnelle que ce soit. Y compris sur la ratification des langues régionales. »


Arrêtés Miot : « Les Corses disposent de dix années pour arriver au droit commun. C’est le temps qu’il faut pour  achever le travail de récupération des titres de propriétés. »


Spéculation : « Il faut trouver des solutions, il y a va de l’âme corse…(la question du statut de résident n’a pas réellement été abordée.


Coofficialité : le chef de l’Etat a annoncé l’existant à savoir les moyens dont la Corse est dotée en matière de formation et d’enseignement de langue corse (agrégation, formation…), précisant, tout de même, au milieu que « le français est la langue de la République… »
Amnistie : le terme n’a guère été employé par François Hollande qui a simplement évoqué le rapprochement des détenus, précisant simplement « que l’Etat ne peut interférer dans les procédures. Il y a séparation des pouvoirs. »


Il a été également question de la loi finance, du PEI ou de la violence en baisse…
Avant de quitter l’hémicycle, le Président de la République a prononcé, de nouveau, les mots symboliques de « Peuple corse », félicitant les deux présidents de l’Assemblée de Corse et de l’Exécutif, pour la « gestion » des affaires des Jardins de l’Empereur et de Sisco, citant au passage que « l’esprit des Lumières a fait souffler en Corse, tout d’abord, un vent nouveau… » « Nous sommes face à un enjeu historique, a conclu le Chef de l’Etat, il n’ y a jamais d’aboutissement de la cause que l’on poursuit… »

Les élus de la majorité régionale ne sont pas spécialement retirés contents de cette matinée. Et encore moins satisfaits…